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Le guide Sur la bonne voie - Section 6

Soutenir le développement de tous les enfants

Favoriser l'autorégulation     • Sensibilité aux autres cultures     • Observation, dépistage et évaluation

Voici des réponses aux questions souvent posées par des professionnels, ainsi que des ressources supplémentaires pour les professionnels et les parents. Il ne faut pas sous-estimer la grande influence des parents et du cadre familial sur l'enfant sous notre responsabilité. Pour améliorer la courbe de développement d'un enfant, nous devons mobiliser les parents et les appuyer. La Section 6 contient des outils et des ressources pour vous aider à soutenir les parents ce qui, tout compte fait, bénéficie à l'enfant lui-même.

Favoriser l'autorégulation

Q Pourquoi l'autorégulation est-elle si importante?


L'autorégulation est un processus qui s'acquiert et qui est évident à chaque sphère de développement. Et lorsqu'on entend cette expression, on pense souvent à la sphère affective ou cognitive. Mais la portée est plus vaste. Voici un exemple.
  • Un enfant apprend à contrôler sa vessie et à décider quand il a besoin d'aller aux toilettes au fur et à mesure qu'il se développe. Et bien que la maturité physique soit le principal facteur qui lui permette d'acquérir cette capacité, les aptitudes sociales, affectives, cognitives et langagières jouent également un rôle pour l'aider à reconnaître son besoin et à demander à aller aux toilettes, même dans un environnement inconnu.

  • Blair et Diamond (2008) décrivent bien l'autorégulation dans un article : « c'est d'abord et avant tout une fonction située dans le cortex préfrontal du cerveau – là où les fonctions exécutives (p. ex. la prise de décisions ou la résolution de problèmes) sont prises » (traduction libre). L'autorégulation possède plusieurs fonctions :

    • Contrôle des inhibitions
    • Mémoire à court terme
    • Souplesse mentale

  • Le contrôle inhibiteur est la capacité de résister à des tentations ou à des habitudes, de supprimer des émotions perturbatrices et de contrôler les distractions. L'enfant peut ainsi prêter attention, contrôler des comportements et avoir des émotions positives et des aptitudes cognitives comme la motivation, la curiosité et l'intérêt de s'épanouir.

  • La mémoire de travail permet à l'enfant de garder des renseignements présents à l'esprit pendant qu'il fait une chose qui nécessite ces renseignements. Cette aptitude ressort clairement pendant les jeux de rôles, c'est-à-dire lorsque l'enfant doit jouer un personnage et réagir aux changements dans le scénario.

  • La souplesse cognitive est la capacité de s'adapter aux changements.

  • Il est prouvé qu'il est essentiel d'acquérir ces aptitudes pour apprendre et réussir à l'école. Un enfant ne réussit pas à l'école seulement en mémorisant le contenu des programmes. Il doit aussi :

    • Faire preuve de persévérance.
    • Être capable de se concentrer et de maintenir son attention.
    • Être capable de garder des renseignements présents à l'esprit et de relier une idée à une autre.
    • Être motivé à apprendre et à explorer.
    • Avoir une bonne estime de soi.

L'enfant qui démontre une bonne autorégulation est davantage félicité, aime plus l'école et déploie plus d'efforts pour réaliser ses travaux scolaires. L'enfant qui a une moins bonne autorégulation a plus de difficulté à se concentrer à l'école et à répondre aux demandes et aux attentes, moins de plaisir à l'école et déploie moins d'efforts pour réaliser ses travaux scolaires. Au fil du temps, les enseignants s'attendent à ce qu'il se contrôle toujours moins que les autres et aie de piètres habitudes de travail. L'enfant finit par se considérer comme un mauvais étudiant, a une image négative de lui-même et moins de confiance en soi et d'estime de soi. Un tel enfant peut afficher des petites différences en matière de maturité pour l'apprentissage dans la petite enfance, mais s'il est pris dans une boucle de rétroaction positive ou négative, l'écart s'élargit et on peut s'attendre à ce qu'il s'éloigne de la bonne voie un peu plus chaque année (Blair et Diamond, 2008; Thompson, 2009).

QComment puis-je aider les familles à favoriser l'autorégulation?

Un enfant se développe d'abord et avant tout grâce aux échanges mutuels avec un adulte en qui il a confiance. Habituellement, les parents jettent les bases qui lui permettent d'apprendre à s'autoréguler en lui procurant un environnement chaleureux, valorisant et propice à l'établissement de liens de confiance. Les parents et, plus tard, les éducateurs servent de modèles à ce chapitre. Ils peuvent discuter de cette aptitude et fournir à l'enfant des occasions de la mettre en pratique. Les facteurs de stress comme la pauvreté, une piètre santé mentale ou physique ou la maltraitance perturbent la relation entre l'enfant et les parents, et ont des effets négatifs sur la capacité de l'enfant à apprendre à s'autoréguler.

  • Pour favoriser l'autorégulation d'un enfant, les professionnels peuvent :
  • Faciliter l'accès aux programmes et aux services qui appuient les parents et les personnes responsables des enfants aux prises avec de la pauvreté, une maladie physique ou mentale, un divorce, une séparation ou un abus.
  • Promouvoir des programmes, des ressources ou des stratégies sur le parentage qui sont fondés sur des données probantes (p. ex. Watch, Wait and Wonder à l'adresse www.watchwaitandwonder.com – en anglais seulement) et qui visent à promouvoir l'attachement, les échanges parents-enfants et le développement sain des enfants dans leur collectivité.
  • Encourager les programmes préscolaires qui préconisent l'apprentissage par des jeux amusants et adaptés à l'âge des enfants.
  • Promouvoir l'utilisation de ressources et de stratégies (p. ex. Tools of the Mind à l'adresse www.mscd.edu/extendedcampus/toolsofthemind - en anglais seulement) qui visent à favoriser l'acquisition de l'autorégulation dans le cadre des programmes préscolaires et de maternelles.
  • Répondre rapidement aux préoccupations et aux observations des parents qui permettent de croire que l'enfant tarde à apprendre à s'autoréguler à mesure qu'il grandit.

Sensibilité aux autres cultures

Q Comment puis-je mieux comprendre l'enfant?

Les nouveaux arrivants au Canada peuvent vivre un stress énorme et se sentir isolés lorsqu'ils essaient de s'adapter à une nouvelle culture, à une nouvelle langue et à un nouveau milieu. La National Association for the Education of Young Children recommande que les professionnels s'efforcent de « reconnaître le sentiment de solitude, de peur et d'abandon qu'un enfant peut ressentir lorsqu'il est placé dans des cadres qui l'isolent de la collectivité et de la langue dans lesquelles il a grandi » (traduction libre) (1995, p. 2). Des problèmes comme le chômage, le sous-emploi, la barrière de la langue ou le manque de réseaux de soutien social peuvent façonner la réalité des familles nouvellement arrivées.


  • En premier lieu, pour être plus sensible aux autres cultures, il faut être capable de prendre du recul et d'examiner ses propres valeurs, croyances et perceptions culturelles (Quappe et Cantatore, 2005). Il faut également :
    • Valoriser et reconnaître l'importance de sa propre culture.
    • Valoriser la diversité.
    • Vouloir apprendre les traditions et les caractéristiques des autres cultures
      (Stafford et coll. tel que cité dans Mavropoulos, 2008).
Voici quelques stratégies qui vous aideront à mieux comprendre la famille et l'enfant, en plus de soutenir les efforts que vous déployez pour favoriser le développement de l'enfant.
  • Établissez des liens solides avec la famille dès le début pour qu'un bon niveau de confiance puisse s'installer entre vous.

  • Invitez tous les membres d'une famille élargie à participer à la vie scolaire de l'enfant, y compris les grands-parents, les oncles, les tantes, etc.

  • Respectez toujours la culture de la famille. Le personnel des garderies ou des maternelles peut afficher des photos ou des objets qui représentent différentes cultures. Les familles d'autres cultures se sentiront ainsi mieux accueillies.

  • Ayez recours à un interprète ou un employé multilingue lors des réunions ou des conférences avec la famille. Si c'est possible, faites traduire les ressources importantes dans la langue de la famille.

  • Apprenez quelques mots de la langue parlée par la famille pour établir plus facilement des liens avec elle. Si vous travaillez dans un centre de la petite enfance ou une maternelle, enseignez aux enfants de la classe quelques mots dans la langue de la famille.

  • Si c'est possible, demandez aux parents d'expliquer les pratiques culturelles qui pourraient être mal comprises.

  • Respectez les différences dans les relations interpersonnelles et le langage corporel (p. ex. dans certaines cultures, il est impoli de regarder quelqu'un dans les yeux).

  • Si c'est possible, réclamez des séances d'information sur la sensibilité aux autres cultures pour vos collègues.

Q De quelle façon devrais-je discuter de préoccupations de nature culturelle avec la famille?

Le rôle parental, l'alimentation, les habitudes de sommeil et les attitudes par rapport à l'éducation, au jeu ou au travail peuvent différer des normes acceptées au Canada ou de vos propres croyances. Certaines pratiques culturelles peuvent même parfois enfreindre les lois canadiennes (p. ex. la mutilation des parties génitales des filles) et peuvent, à ce titre, vous obliger à consulter directement un service de protection de l'enfance (voir la Section 5 sur la maltraitance). Bon nombre de pratiques sont toutefois tout à fait inoffensives et peuvent en fait être salutaires pour l'enfant.

Voici quelques stratégies pour vous aider à aborder les pratiques culturelles
  • Posez des questions qui ne véhiculent aucun jugement pour essayer de mieux comprendre la pratique culturelle dans son contexte.
  • Examinez vos propres croyances et pratiques et demandez-vous si la pratique en question les contredit.
  • Posez-vous les questions suivantes :
    • Est-ce que la pratique respecte ou contredit les données probantes actuelles?
    • Est-ce que la pratique favorise le bien-être de l'enfant?
    • Est-ce que la pratique met l'enfant à risque?
    • Pouvez-vous donner des renseignements fondés sur des données probantes à la famille pour soutenir votre point de vue?
Appuyez toujours les pratiques culturelles qui ne mettent pas l'enfant à risque et faites la promotion des pratiques fondées sur des données probantes sans porter de jugement.


Observation, dépistage et évaluation

QDe quelle façon puis-je en savoir plus sur le développement d'un enfant?

De tous les outils disponibles pour en apprendre plus sur un enfant, l'observation est l'outil le plus efficace sur le plan développemental lorsqu'il s'agit d'un jeune enfant. Les professionnels peuvent observer l'enfant pendant de courtes périodes de temps seulement, ce qui permet d'obtenir une quantité limitée de renseignements. Les renseignements donnés par les personnes qui en sont responsables peuvent donc vous permettre de dresser un tableau beaucoup plus complet. Observer l'enfant pendant qu'il joue au fil du temps peut également se révéler très utile. C'est l'approche la plus souvent utilisée par le personnel des centres de la petite enfance, des garderies et des maternelles.

  • Avantages de l'observation de l'enfant pendant le jeu
  • On peut évaluer toutes les sphères de développement de l'enfant pendant le jeu, car il donne un aperçu unique de ses capacités de développement.
  • Lorsqu'il joue dans un environnement naturel, comme une salle de classe ou un terrain de jeux, l'enfant est détendu et spontané. On peut observer ses comportements et ses aptitudes jour après jour sans qu'il sache qu'il est évalué.
  • L'observation peut permettre aux professionnels qui travaillent auprès de jeunes enfants et à leurs parents de recueillir des renseignements précis et complets, car les habitudes ou les tendances se manifestent au fil du temps.
  • L'observation est une façon inclusive d'évaluer tous les enfants.

À l'heure actuelle, un des outils d'évaluation le plus largement utilisé est le Transdisciplinary Play-Based Assessment (décrit dans un livre disponible en anglais seulement), qui a été révisé en 2008 par Toni Linder. Il est particulièrement utile lorsqu'une équipe de professionnels se mobilise pour aider un enfant. Il comprend des conseils et des lignes directrices sur la façon d'observer un enfant jouer avec un parent. Il permet d'évaluer quatre sphères de développement : aptitudes neuromotrices; sociales et affectives; cognitives et langagières et de communication. Si les séances de jeux sont filmées, les parents et l'équipe de professionnels peuvent ensuite les analyser. Cette équipe peut notamment inclure un ergothérapeute ou un physiothérapeute, un orthophoniste, un éducateur, un travailleur social, un psychologue ou un psychiatre et un ophtalmologiste. L'équipe peut ensuite formuler des suggestions et des recommandations basées sur les comportements de l'enfant pendant les jeux et même créer un plan pour déterminer les prochaines étapes à suivre.

Q Qu'est-ce que le dépistage?

Le dépistage est habituellement une procédure non invasive faite auprès de groupes de gens ou d'une population. C'est le processus par lequel on repère des caractéristiques associées aux populations ou groupes d'âge. Chez les enfants de zéro à six ans, le dépistage vise à identifier les enfants qui pourraient avoir besoin de plus de soutien ou d'une évaluation pour déceler la présence de risques pour leur développement ou leur santé. Si on dépiste un risque chez un enfant, il est alors important de veiller à ce que lui et sa famille bénéficient d'un suivi et d'évaluations plus approfondies pour confirmer ou infirmer la présence du retard ou du problème dépisté. Ces évaluations permettront également de remonter aux sources du problème et de choisir les mesures de soutien et l'intervention les plus appropriées selon la situation (Snow et Van Hemel, 2008).

La Section 8 présente un certain nombre d'outils de dépistage utilisés dans l'ensemble de l'Ontario ou dans certains secteurs seulement. L'outil le plus souvent utilisé est le questionnaire de dépistage Nipissing District Developmental Screen (NDDS) et il peut être utile aux parents et aux professionnels qui travaillent auprès des enfants. Lorsque c'est indiqué, il faut orienter l'enfant vers les professionnels et les programmes appropriés pour qu'il puisse passer d'autres examens de dépistage et des évaluations.

Q Qu'est-ce qui se passe après le dépistage?

Le dépistage est seulement la première étape. Il vise à lever le « drapeau rouge » et à nous indiquer s'il est conseillé de recommander une évaluation plus poussée. Le dépistage aide à veiller à ce que les enfants et les familles qui peuvent bénéficier d'une évaluation approfondie reçoivent cette évaluation et, au besoin, soient dirigés vers les professionnels davantage en mesure de les aider. Vous trouverez la liste des ressources pour chaque sphère de développement dans la Section 7.

Le dépistage, peu importe son résultat, vise aussi à aider les enfants et les familles à accéder aux services de soutien, aux ressources et aux services éducatifs dont ils ont besoin dans la collectivité.

Q Quels outils de dépistage utilise-t-on en Ontario?

On utilise un certain nombre d'outils de dépistage en Ontario. Certains sont destinés aux parents, d'autres, aux professionnels. Certains sont utilisés de façon universelle, d'autres, seulement dans des cas bien précis. Les outils de dépistage sont conçus pour nous aider à repérer un problème de façon précoce, mais ils ne remplacent pas l'évaluation approfondie d'un professionnel qualifié. Vous trouverez la liste des outils de dépistage couramment utilisés en Ontario dans la Section 8. Nous encourageons également les médecins à consulter la dernière édition de la ressource intitulée Improving the Odds: Healthy Child Development disponible à l'adresse www.ocfp.ca et à l'adresse www.beststart.org/resources/hlthy_chld_dev/index.html (en anglais seulement).